Au moment où le monde célèbre une fois de plus la femme, certaines d'entre elles, comme les transformatrices, se nourrissent de désespoir.
Honorées avec des chansons et autres célébrations pour le Réseau des femmes de la pêche artisanale du Sénégal (REFEPAS) cette journée se tient dans un contexte marqué par les impacts de la pandémie de Covid-19 et par une grande croissance et présence des usines de farine de poisson.
Ainsi, Greenpeace attire l'attention des autorités sénégalaises qu'il y va de la survie socio-économique de centaines de milliers d'acteurs de la pêche en attente d'actes forts de leur État.
En effet, le secteur de la pêche en Afrique de l'Ouest est dans une situation "complexe au Sénégal, avec la présence d’usines de fabrique de farine et d’huile de poisson qui sont en concurrence directe avec la consommation locale et privent les femmes transformatrices de poisson de leur travail et de leur principale source de revenu".
Cette année encore, les femmes transformatrices réclament la reconnaissance juridique de leur métier de transformatrices de poisson.
‘’En ce jour spécial, nous demandons à l'Etat la reconnaissance juridique du statut des femmes transformatrices de poisson et la fermeture des usines de farine et d’huile de poisson. Nous demandons aussi le listing des navires", insiste Diaba Diop, Présidente du REFEPAS.
Les chiffres du dernier rapport de la FAO révèlent une fois encore la gravité des ravages des industries de farine et d’huile de poisson sur l’activité de la pêche au Sénégal.
En effet, en janvier 2022, les usines de farine de poisson installées au Sénégal comptaient 129 travailleurs permanents et 264 travailleurs temporaires en 2018, généralement recrutés parmi la population locale.
‘’Il est temps que les gouvernements d’Afrique de l’Ouest mettent un terme à l’implantation des usines de farine de poisson et prennent des dispositions pour interdire l’utilisation du poisson entier, destiné à la consommation humaine, aux
usines de fabrique de farine et d’huile de poisson déjà installées’’, plaide Abdoulaye Ndiaye, Chargé de campagne océans à Greenpeace Afrique.
La matière première utilisée dans ces usines consiste en de grandes quantités de petits poissons pélagiques pêchés puis transformés en farine ou en huile de poisson pour nourrir des animaux dans les pays développés, au détriment de la consommation locale.
"L'Etat du Sénégal gagnerait à suivre l'exemple de la Mauritanie qui a commencé à restreindre l'utilisation de certaines espèces de poisson propres à la consommation humaine dans la production de farine de poisson. Le Sénégal devrait limiter ces usines à l'utilisation de la production locale de déchets et de rebuts de poisson’’, soutient Abdoulaye Ndiaye. Renseigne Vipeoples .