Vu sous l’angle de sa mise en œuvre officiellement proclamée, le Plan Sénégal émergent (Pse), l’outil de gouvernance économique conçu par Macky Sall, cherche encore la cadence adéquate et des intrants pour remplir son «cadre logique des résultats». En effet, en répondant à une question du député Babacar Diamé lors du passage du gouvernement à l’Assemblée nationale, le jeudi 12 mars dernier, le ministre de l’Economie, des finances et du plan a avoué que l’Etat est encore presque encore à l’an zéro de son application. Ce plan de développement du Président peine à dépasser l’étape de la mobilisation des ressources financières pour ses 27 projets phare, depuis le retour de l’opération de fundraising devant le Groupe consultatif de Paris, en fin février 2014. «A ce jour, nous avons signé 67 conventions de financement soit un cumul de 1 275 milliards de francs Cfa. Signer une convention est une chose, faire décaisser les fonds en est une autre…», a déclaré l’argentier de l’Etat. Amadou Ba a tenté de rassurer que le gouvernement ne ménagera aucun effort pour faire aboutir les procédures de décaissement. Le périple de marketing du Pse avait été précédé d’une visite d’Etat en Chine où un accord de financement portant sur 2 200 milliards de francs avait été annoncé, bien plus que les 1 864 initialement recherchés pour lesdits projets phare. L’on comprend donc pourquoi le chef de l’Etat insiste à chaque Conseil des ministres sur la nécessité pour son équipe gouvernementale «d’intensifier» ou «d’accélérer» la mise en œuvre des projets.
A l’étape des poses de première pierre
A défaut, la deuxième alternance peut se contenter d’avoir construit le Centre international de conférence Abdou Diouf (à Diamniadio) qui souffre aujourd’hui d’avoir accueilli une seule rencontre d’envergure, à savoir le 15ème sommet de la Francophonie, au mois de novembre dernier. Juste à côté, il y a eu la pose de la première pierre de la deuxième université de Dakar qui, pour la construction, l’Etat a réservé 20 milliards obtenus de Arcelor-Mittal. En dépassant Diamniadio, les autoroutes Aibd-Mbour et Diamniadio-Aibd sont en train de prendre forme. L’autoroute Thiès-Touba a également vécu la pose de sa première pierre tout comme le premier Institut supérieur d’enseignement professionnel, le pôle urbain de DiamÂniadio. Toujours dans le domaine de la carte universitaire, la pose de la première pierre de l’université du Sine-Saloum n’a pas encore eu lieu. Peut-être au cours d’une tournée économique au centre du pays, le bassin arachidier en proie à des difficultés liées à la commercialisation de l’arachide. Le chef de l’Etat a préféré parcourir le Nord et le Sud du pays où l’exécution des projets du Millenium challenge account (Mca) connaît des avancées notables. A Ziguinchor, il a présidé la cérémonie de réception des navires Aguene et Diambogne. Les mêmes jours, le premier coup de truelle du pont sur le fleuve Gambie étaient donnés par son homologue gambien Yaya Jammeh, à côté du Premier ministre Mahammad Dionne.
L’éducation toujours en crise
Macky Sall s’est réjoui d’avoir appliqué la baisse du coût du loyer. Cette mesure, saluée par les locataires, a perdu ses effets au gré des déménagements et des volontés de réviser les contrats par les bailleurs. Par ailleurs, le gouvernement ne manque jamais l’opportunité de se glorifier de la baisse des impôts sur les revenus, de la réduction et de la stabilisation des prix des denrées de première consommation. L’année 2014 a vu les coûts du carburant et du gaz butane chuter grâce à la tendance baissière des cours du pétrole sur le marché mondial. Cependant, la crise qui secoue encore le secteur de l’éducation a noyé les réalisations sociales. Et pour cause, les enseignants reprochent au gouvernement de ne pas respecter le protocole d’accord signé le 17 février 2014, surtout la question relative à l’avancement des enseignants. Certains courent après leurs actes depuis plus de sept ans. Du coup, les mots d’ordre de grève se succèdent. Le quantum horaire continue d’en souffrir. Les années scolaires continuent d’être sauvées. Pourtant, l’Etat avait poussé à l’optimisme lorsqu’il justifiait la signature de ces accords par les bons résultats de l’audit de la fonction publique et des économies qui en ont découlé avec la suppression de milliers d’agents qualifiés de «fictifs». Mais la crise a atteint sa phase aigue dans les universités. Les réformes prônées par le ministre de tutelle sont pour la plupart rejetées par les enseignants. L’université Cheikh Anta Diop ne parvient pas encore à réguler les années académiques qui se chevauchent à cause des cycles de grèves. C’est dire que les Assises de l’éducation et de l’enseignement supérieur tardent à produire des résultats. A l’instar de Me Abdoulaye Wade marqué par le décès de Bala Gaye, Macky Sall devra comptabiliser dans son bilan, la mort de l’étudiant Bassirou Faye à cause de retards constatés dans le paiement des bourses. Les présumés meurtriers ont été arrêtés. Le dossier est entre les mains d’un juge d’instruction. Macky Sall a promis de tirer cette affaire au clair.
La méforme des réformes
Le chef de l’Etat s’est également engagé à conduire une réforme des institutions inspirée des conclusions des Assises nationales et du rapport de la Commission nationale de réforme des institutions. De la Chine, il a reporté sa décision jusqu’au lendemain des élections du 29 juin 2014. Dans le panier des réformistes, Macky Sall a juste versé un référendum pour 2016. Ce scrutin a marqué le début de la mise en œuvre de l’Acte 3 de la décentralisation. Après huit mois d’application, la montagne semble accoucher d’une souris. Ni les capacités financières ni les compétences des collectivités n’ont évolué. Au contraire, l’Acte 3 est aujourd’hui l’un des prétextes du blocage de l’emprunt obligataire de la ville de Dakar. Macky Sall tarde à entrer dans la phase 2 de la réforme consacrée à la décentralisation financière. Comme si la lenteur dans le rythme des réalisations constitue l’élément de «rupture» le mieux partagé.
Création d’emplois par Macky Sall : Les chômeurs cherchent encore
«Le Premier ministre a présenté au Conseil, une communication portant sur la nécessité pour le gouvernement d’intensifier les efforts de création d’emplois et de richesses, en particulier au profit de la jeunesse, en exploitant les secteurs porteurs telle l’agriculture, et d’améliorer le rythme de mobilisation et d’absorption des crédits destinés aux activités menées dans ce secteur.» Ce bout du communiqué du dernier Conseil des ministres renseigne sur le rythme de création d’emplois depuis que Macky Sall est au pouvoir. Pour atteindre les 300 mille emplois de son quinquennat, le gouvernement s’est orienté vers l’auto-emploi des jeunes. C’est dans ce cadre que le programme d’accélération de la cadence agricole (Pracas), le Programme des domaines agricoles communautaires, le programme d’appui à la promotion économique des jeunes et des femmes (Papejf) et l’Agence nationale pour la promotion de l’emploi des jeunes ont vu le jour. En attendant leurs statistiques, celles de l’emploi salarié sont loin de couvrir la demande. Dans les 65 000 emplois annoncés en 2013 par Mansour Sy, ministre de la Fonction publique à l’époque, il y avait les 5 500 directement recrutés. Le même nombre de postes est annoncé pour 2015. Candidat à l’élection présidentielle de 2012, Macky Sall avait promis 500 mille emplois durant son mandat (le septennat). Cet objectif ne peut être atteint sans la contribution du secteur privé. Il se trouve que plusieurs industries pourvoyeuses d’emplois ne marchent plus fort.
biramefaye@lequotidien.sn
A l’étape des poses de première pierre
A défaut, la deuxième alternance peut se contenter d’avoir construit le Centre international de conférence Abdou Diouf (à Diamniadio) qui souffre aujourd’hui d’avoir accueilli une seule rencontre d’envergure, à savoir le 15ème sommet de la Francophonie, au mois de novembre dernier. Juste à côté, il y a eu la pose de la première pierre de la deuxième université de Dakar qui, pour la construction, l’Etat a réservé 20 milliards obtenus de Arcelor-Mittal. En dépassant Diamniadio, les autoroutes Aibd-Mbour et Diamniadio-Aibd sont en train de prendre forme. L’autoroute Thiès-Touba a également vécu la pose de sa première pierre tout comme le premier Institut supérieur d’enseignement professionnel, le pôle urbain de DiamÂniadio. Toujours dans le domaine de la carte universitaire, la pose de la première pierre de l’université du Sine-Saloum n’a pas encore eu lieu. Peut-être au cours d’une tournée économique au centre du pays, le bassin arachidier en proie à des difficultés liées à la commercialisation de l’arachide. Le chef de l’Etat a préféré parcourir le Nord et le Sud du pays où l’exécution des projets du Millenium challenge account (Mca) connaît des avancées notables. A Ziguinchor, il a présidé la cérémonie de réception des navires Aguene et Diambogne. Les mêmes jours, le premier coup de truelle du pont sur le fleuve Gambie étaient donnés par son homologue gambien Yaya Jammeh, à côté du Premier ministre Mahammad Dionne.
L’éducation toujours en crise
Macky Sall s’est réjoui d’avoir appliqué la baisse du coût du loyer. Cette mesure, saluée par les locataires, a perdu ses effets au gré des déménagements et des volontés de réviser les contrats par les bailleurs. Par ailleurs, le gouvernement ne manque jamais l’opportunité de se glorifier de la baisse des impôts sur les revenus, de la réduction et de la stabilisation des prix des denrées de première consommation. L’année 2014 a vu les coûts du carburant et du gaz butane chuter grâce à la tendance baissière des cours du pétrole sur le marché mondial. Cependant, la crise qui secoue encore le secteur de l’éducation a noyé les réalisations sociales. Et pour cause, les enseignants reprochent au gouvernement de ne pas respecter le protocole d’accord signé le 17 février 2014, surtout la question relative à l’avancement des enseignants. Certains courent après leurs actes depuis plus de sept ans. Du coup, les mots d’ordre de grève se succèdent. Le quantum horaire continue d’en souffrir. Les années scolaires continuent d’être sauvées. Pourtant, l’Etat avait poussé à l’optimisme lorsqu’il justifiait la signature de ces accords par les bons résultats de l’audit de la fonction publique et des économies qui en ont découlé avec la suppression de milliers d’agents qualifiés de «fictifs». Mais la crise a atteint sa phase aigue dans les universités. Les réformes prônées par le ministre de tutelle sont pour la plupart rejetées par les enseignants. L’université Cheikh Anta Diop ne parvient pas encore à réguler les années académiques qui se chevauchent à cause des cycles de grèves. C’est dire que les Assises de l’éducation et de l’enseignement supérieur tardent à produire des résultats. A l’instar de Me Abdoulaye Wade marqué par le décès de Bala Gaye, Macky Sall devra comptabiliser dans son bilan, la mort de l’étudiant Bassirou Faye à cause de retards constatés dans le paiement des bourses. Les présumés meurtriers ont été arrêtés. Le dossier est entre les mains d’un juge d’instruction. Macky Sall a promis de tirer cette affaire au clair.
La méforme des réformes
Le chef de l’Etat s’est également engagé à conduire une réforme des institutions inspirée des conclusions des Assises nationales et du rapport de la Commission nationale de réforme des institutions. De la Chine, il a reporté sa décision jusqu’au lendemain des élections du 29 juin 2014. Dans le panier des réformistes, Macky Sall a juste versé un référendum pour 2016. Ce scrutin a marqué le début de la mise en œuvre de l’Acte 3 de la décentralisation. Après huit mois d’application, la montagne semble accoucher d’une souris. Ni les capacités financières ni les compétences des collectivités n’ont évolué. Au contraire, l’Acte 3 est aujourd’hui l’un des prétextes du blocage de l’emprunt obligataire de la ville de Dakar. Macky Sall tarde à entrer dans la phase 2 de la réforme consacrée à la décentralisation financière. Comme si la lenteur dans le rythme des réalisations constitue l’élément de «rupture» le mieux partagé.
Création d’emplois par Macky Sall : Les chômeurs cherchent encore
«Le Premier ministre a présenté au Conseil, une communication portant sur la nécessité pour le gouvernement d’intensifier les efforts de création d’emplois et de richesses, en particulier au profit de la jeunesse, en exploitant les secteurs porteurs telle l’agriculture, et d’améliorer le rythme de mobilisation et d’absorption des crédits destinés aux activités menées dans ce secteur.» Ce bout du communiqué du dernier Conseil des ministres renseigne sur le rythme de création d’emplois depuis que Macky Sall est au pouvoir. Pour atteindre les 300 mille emplois de son quinquennat, le gouvernement s’est orienté vers l’auto-emploi des jeunes. C’est dans ce cadre que le programme d’accélération de la cadence agricole (Pracas), le Programme des domaines agricoles communautaires, le programme d’appui à la promotion économique des jeunes et des femmes (Papejf) et l’Agence nationale pour la promotion de l’emploi des jeunes ont vu le jour. En attendant leurs statistiques, celles de l’emploi salarié sont loin de couvrir la demande. Dans les 65 000 emplois annoncés en 2013 par Mansour Sy, ministre de la Fonction publique à l’époque, il y avait les 5 500 directement recrutés. Le même nombre de postes est annoncé pour 2015. Candidat à l’élection présidentielle de 2012, Macky Sall avait promis 500 mille emplois durant son mandat (le septennat). Cet objectif ne peut être atteint sans la contribution du secteur privé. Il se trouve que plusieurs industries pourvoyeuses d’emplois ne marchent plus fort.
biramefaye@lequotidien.sn