Entre l’État et les forces de l'ordre serait-on dans la dynamique du "je te tiens tu me tiens par la barbichette" ? Cette question s'impose, car après la mort des 14 personnes survenues lors des émeutes du mois de mars 2021, des organisations de droits de l’homme comme Amnesty international, la Lsdh, et la Raddho avaient déclaré que les 12 manifestants étaient tombés sous les balles des Fds.
Deux ans après, non seulement l’enquête est au point mort, mais trois autres victimes dont un policier sont venues allonger la liste macabre le 15 mai, lors des manifestations à Ziguinchor et à Dakar. Justice sera-t-elle rendue aux victimes ?
Une question qui mérite réponse, car deux ans après, au lendemain de ces émeutes, qui avaient plongé le Sénégal dix jours durant dans le chaos, le gouvernement avait annoncé la mise en place d’une commission d’enquête «indépendante et impartiale pour rétablir toute la vérité dans une dynamique de paix et d’apaisement». Mais depuis, rien !
«La meilleure façon d'enterrer un dossier, c'est de lui créer une commission d’enquête», dit-on. L’État serait-il en train de le confirmer ? C’est tout comme, car malgré les voix qui se sont élevées pour que lumière se fasse, l’État continue de faire le mort. Pourtant, le 3 mars 2022, était commémoré le premier anniversaire de ces émeutes ; à cette occasion, les droits de l’hommiste Amnesty, Lsdh et la Raddho avaient exigé que justice se fasse dans les plus brefs délais.
«Il n’y a plus de temps à perdre. La justice doit faire son travail en toute indépendance et rapidement pour établir les faits et les responsabilités et juger les éléments des forces de défense et de sécurité qui se sont rendus coupables d’utilisation excessive de la force et d’homicides illégaux», avait déclaré Seydi Gassama, directeur de la section Amnesty international au Sénégal.
Même son de cloche pour Sadikh Niass, Secrétaire général de la Raddho qui déclarait : «les autorités sénégalaises doivent être transparentes sur l’évolution de l’enquête en cours, faire suite aux plaintes déposées par certaines familles de victimes et permettre aux victimes et leurs familles de participer au processus judiciaire. L’impunité de l’usage excessif de la force au Sénégal, y compris l’usage illégal d’armes à feu, doit cesser», avait tonné le Secrétaire général de la Raddho
Pour donner de la voix à cette exigence de justice, Alassane Seck, président de la Lsdh d'ajouter : «Les autorités judiciaires doivent diligenter l’enquête sur les violations commises par les forces de défense ou de sécurité durant les manifestations pour qu’elle arrive à son terme le plus rapidement possible, que les responsabilités soient clairement établies, et que des réparations soient envisagées pour les familles éplorées», avait-il laissé entendre.
Samira Daoud, directrice d’Amnesty international pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre, pour sa part, avait rappelé que «la liberté de réunion pacifique est clairement garantie par la Constitution et le droit international. Les forces de sécurité et de défense doivent respecter et faciliter l’exercice de ce droit par la population», avait-elle déclaré.
On assiste à une sorte d'impunité des FDS
Malgré toutes ces interpellations, pourquoi l’État continue de faire comme si de rien n’était, alors que les familles des victimes continuent de réclamer justice ? Chose d’autant plus incompréhensible qu’il a tous les leviers en main pour faire la lumière sur cette affaire. Pourquoi ne le fait-il pas ? Aurait-il des choses à se reprocher ? C'est tout comme, sinon, pourquoi le gouvernement du Sénégal qui avait publié un mémorandum de 24 pages sur ces événements et dans lequel il s'était blanchi en défendant avec hargne sa gestion de la crise, traîne-t-il les pieds ?
Pourtant, lors de la présentation de ce document, Sidiki Kaba disait ceci : «En ce qui concerne l'action judiciaire, l’État ne freinera pas l'action qui a été enclenchée. Elle suivra son cours, car la justice étant indépendante, elle va continuer son travail». Mais à ce jour, rien de ce qui avait été dit n'a été fait.
En lieu et place de la justice qui devait faire son travail, ce sont des membres du gouvernement qui le font à sa place à travers les médias, en déclarant à qui veut l’entendre que le seul responsable de ces morts est Ousmane Sonko. Dans ce cas, qu'attend la justice pour convoquer le coupable ? Ou bien le gouvernement est-il plus préoccupé d’accabler un opposant que par la manifestation de la vérité ?
Parce qu'il convient aussi de relever que gouvernement et droits de l’hommiste ne parlent pas le même langage, car ces derniers indexent les Fds. D’ailleurs, ce n'est pas la première fois que des enquêtes les mettant en cause dans des affaires de mort d'homme sont annoncées. Mais elles finissent toujours dans les tiroirs de l'oubli. Il serait fastidieux de lister tous les cas où les forces de l'ordre sont citées, mais qui sont restés à ce jour sans suite.
Seraient-elles au-dessus des lois ou c'est l’État qui ayant beaucoup de choses à se reprocher n'ose pas sévir, au risque de les voir croiser les bras en cas de cas ?
En tout cas, le triste constat est que, depuis 2000, ce phénomène devient récurrent ; mais on assiste à une sorte d'impunité des Fds, car il a été démontré que les autorités sénégalaises n'enquêtent guère sur les cas de mort en détention, et même, lorsqu'une enquête a lieu, elle est rarement menée de manière rapide, indépendante et impartiale.
Et pourtant, on ne cesse de nous répéter que le Sénégal est un pays de droit, que nul n'est au-dessus de la loi et patati et patata. Malheureusement, dans les faits, la réalité est toute autre, sinon toutes ces affaires auraient été élucidées depuis belle lurette et les responsabilités situées. Mais, sous nos cieux, personne n’est responsable.
Circulez, il n'y a rien à voir !
Tribune
Deux ans après, non seulement l’enquête est au point mort, mais trois autres victimes dont un policier sont venues allonger la liste macabre le 15 mai, lors des manifestations à Ziguinchor et à Dakar. Justice sera-t-elle rendue aux victimes ?
Une question qui mérite réponse, car deux ans après, au lendemain de ces émeutes, qui avaient plongé le Sénégal dix jours durant dans le chaos, le gouvernement avait annoncé la mise en place d’une commission d’enquête «indépendante et impartiale pour rétablir toute la vérité dans une dynamique de paix et d’apaisement». Mais depuis, rien !
«La meilleure façon d'enterrer un dossier, c'est de lui créer une commission d’enquête», dit-on. L’État serait-il en train de le confirmer ? C’est tout comme, car malgré les voix qui se sont élevées pour que lumière se fasse, l’État continue de faire le mort. Pourtant, le 3 mars 2022, était commémoré le premier anniversaire de ces émeutes ; à cette occasion, les droits de l’hommiste Amnesty, Lsdh et la Raddho avaient exigé que justice se fasse dans les plus brefs délais.
«Il n’y a plus de temps à perdre. La justice doit faire son travail en toute indépendance et rapidement pour établir les faits et les responsabilités et juger les éléments des forces de défense et de sécurité qui se sont rendus coupables d’utilisation excessive de la force et d’homicides illégaux», avait déclaré Seydi Gassama, directeur de la section Amnesty international au Sénégal.
Même son de cloche pour Sadikh Niass, Secrétaire général de la Raddho qui déclarait : «les autorités sénégalaises doivent être transparentes sur l’évolution de l’enquête en cours, faire suite aux plaintes déposées par certaines familles de victimes et permettre aux victimes et leurs familles de participer au processus judiciaire. L’impunité de l’usage excessif de la force au Sénégal, y compris l’usage illégal d’armes à feu, doit cesser», avait tonné le Secrétaire général de la Raddho
Pour donner de la voix à cette exigence de justice, Alassane Seck, président de la Lsdh d'ajouter : «Les autorités judiciaires doivent diligenter l’enquête sur les violations commises par les forces de défense ou de sécurité durant les manifestations pour qu’elle arrive à son terme le plus rapidement possible, que les responsabilités soient clairement établies, et que des réparations soient envisagées pour les familles éplorées», avait-il laissé entendre.
Samira Daoud, directrice d’Amnesty international pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre, pour sa part, avait rappelé que «la liberté de réunion pacifique est clairement garantie par la Constitution et le droit international. Les forces de sécurité et de défense doivent respecter et faciliter l’exercice de ce droit par la population», avait-elle déclaré.
On assiste à une sorte d'impunité des FDS
Malgré toutes ces interpellations, pourquoi l’État continue de faire comme si de rien n’était, alors que les familles des victimes continuent de réclamer justice ? Chose d’autant plus incompréhensible qu’il a tous les leviers en main pour faire la lumière sur cette affaire. Pourquoi ne le fait-il pas ? Aurait-il des choses à se reprocher ? C'est tout comme, sinon, pourquoi le gouvernement du Sénégal qui avait publié un mémorandum de 24 pages sur ces événements et dans lequel il s'était blanchi en défendant avec hargne sa gestion de la crise, traîne-t-il les pieds ?
Pourtant, lors de la présentation de ce document, Sidiki Kaba disait ceci : «En ce qui concerne l'action judiciaire, l’État ne freinera pas l'action qui a été enclenchée. Elle suivra son cours, car la justice étant indépendante, elle va continuer son travail». Mais à ce jour, rien de ce qui avait été dit n'a été fait.
En lieu et place de la justice qui devait faire son travail, ce sont des membres du gouvernement qui le font à sa place à travers les médias, en déclarant à qui veut l’entendre que le seul responsable de ces morts est Ousmane Sonko. Dans ce cas, qu'attend la justice pour convoquer le coupable ? Ou bien le gouvernement est-il plus préoccupé d’accabler un opposant que par la manifestation de la vérité ?
Parce qu'il convient aussi de relever que gouvernement et droits de l’hommiste ne parlent pas le même langage, car ces derniers indexent les Fds. D’ailleurs, ce n'est pas la première fois que des enquêtes les mettant en cause dans des affaires de mort d'homme sont annoncées. Mais elles finissent toujours dans les tiroirs de l'oubli. Il serait fastidieux de lister tous les cas où les forces de l'ordre sont citées, mais qui sont restés à ce jour sans suite.
Seraient-elles au-dessus des lois ou c'est l’État qui ayant beaucoup de choses à se reprocher n'ose pas sévir, au risque de les voir croiser les bras en cas de cas ?
En tout cas, le triste constat est que, depuis 2000, ce phénomène devient récurrent ; mais on assiste à une sorte d'impunité des Fds, car il a été démontré que les autorités sénégalaises n'enquêtent guère sur les cas de mort en détention, et même, lorsqu'une enquête a lieu, elle est rarement menée de manière rapide, indépendante et impartiale.
Et pourtant, on ne cesse de nous répéter que le Sénégal est un pays de droit, que nul n'est au-dessus de la loi et patati et patata. Malheureusement, dans les faits, la réalité est toute autre, sinon toutes ces affaires auraient été élucidées depuis belle lurette et les responsabilités situées. Mais, sous nos cieux, personne n’est responsable.
Circulez, il n'y a rien à voir !
Tribune