On le croyait fin politicien, il a été presque un magicien. A 70 ans révolus, Me Wade, comme l’appellent ses camarades, est resté un jeune homme et un génie dans l’esquisse des belles choses quand çà lui disait. Capable de s’adapter à tous les discours, tous les âges, il allait être le président sénégalais le plus original et le plus inventif sans ses erreurs dans le choix des hommes, des options; sans son caractère de vieil enseignant qui décidait souvent de tout. Tout seul.
Comme Senghor avec Mamadou Dia, son ex-allié et ancien président du conseil, il va se montrer comme un revanchard et un véritable opposant qui venait régler ses comptes avec ses adversaires ou ses ennemis d’un moment dans l’histoire du Sénégal. Wade président, c’est comme si tout le Sénégal était devenu sa propre possession comme au temps des royaumes. Il découpe, aménage tout à sa guise, au nez et à la barbe des techniciens qui n’avaient plus rien à dire. Un véritable sabotage de ce qui devait être l’acte II de la décentralisation, c’est bien ce à quoi ressemble ce découpage sans contenu du nouveau territoire national avec trois nouvelles régions à la clé.
Et, la note d’incohérence arrive au moment où on va augmenter des régions dans des territoires sans tenir en compte aucune donnée géographique. Kédougou, Sédhiou, Matam, Kaffrine, de nouvelles régions qui arrivent sans reflet ni avenir. Pour des raisons politiciennes et de méprise, l’ancien président de la République a tracé de lui-même une nouvelle carte des régions à la suite d’un Diouf, son prédécesseur, qui a créé dans la ville, les communes-quartiers dans Dakar et son agglomération. De toutes ses idées, l’annonce de la création d’une nouvelle ville fera sourire les géographes, architectes et urbanistes.
Diouf-Wade, rois de l'improvisation ?
En mélangeant intérêts personnels à ceux de la République, l’Etat et la nation, tous ces présidents ont montré les limites de ce qu’on peut qualifier de démocratie réelle dans les pays pauvres. On taille, biffe, bricole et barre à tout va pour faire ce qu’on peut qualifier de nouvelles lois fourre-tout. Le tout au détriment de l’économie réelle et au seul profit des proches.
Diouf-Wade, rois de l’improvisation? On pourrait le penser, tant leur ego leur permettait de tout faire, de tout tenter, de tout chambouler. Dans le genre, le plus original dans la «bêtise» aura été Wade, n’en déplaise à ses fidèles. Il fut avec son histoire de provincialisation, le grand chef d’orchestre de ce grand sabotage. Il aura beaucoup construit, mais énormément déconstruit en l’espace de 12 ans. Dans des zones sans aucune ressource significative, à quoi cela servirait-il de créer des régions nouvelles. Kaffrine au cœur du bassin arachidier. Sédhiou dans le Pakao, Kédougou dans ce qu’on pourrait qualifier de bush sénégalais. A quelles ressources ces économies essentiellement rurales peuvent-elles devoir leur émergence?
Sans doute, l’or pour la dernière nommée. Mais quel Kédovien a vu passer, un jour, une pépite ? Sédhiou, ancienne capitale de la Casamance peut-elle se faire sans le pays peul et Kolda qui a été au centre d’une région sans reflet pendant 15 ans. Les signes ne trompent pas ici, vous êtes dans le terreau de la pauvreté extrême. Selon les secteurs économiques, l’emploi présente des disparités géographiques et de genre. Dans les zones rurales, les femmes sont principalement engagées dans l’agriculture, l’élevage et la pêche. Elles effectuent, souvent avec des moyens rudimentaires, près de 82,6% des tâches contre 79,4% pour les hommes.
Les signes de ce tâtonnement sont aussi à noter que c’est en pleine politique de régionalisation que disparaissent tous les usines de la zone du domaine industriel de Kaolack. Parlez d’industrie et d’économie nationale, sans savoir qu’elle se construit toujours des zones rurales vers les villes, est une grave erreur. L’acte I de la décentralisation ne fut ainsi qu’un simple mot savant d’une administration qui n’avait encore connu qu’une courte histoire dans son élaboration. Trop tôt, trop forcée, la régionalisation n’aura pas entrainé une esquisse de bien être pour les populations. Elle n’aura fait que poser les bases d’un futur échec que le président Wade, dans sa manie à tout savoir et faire, n’aura fait que mieux déchiqueter en augmentant, sans aucune étude, le nombre de régions.
Absurde décision quand on connait la situation que vivent de petites communes comme Sédhiou, Kédougou, Kolda, Matam, Bakel. Aujourd’hui dans le contexte économique et morose que connaît le Sénégal qui n’est ni bon ni trop mauvais, la priorité est de reconstruire, de rééquiper les villes de l’intérieur, avant de les repeupler. Même Kaolack, la ville des années 1960, la plus importante du Sénégal, est rentrée dans le rang. Le port est à l’abandon depuis plus trente ans; le petit aéroport n’est guère mieux loti.
Macky, Acte III : Le côté hard et soft de la gouvernance « Jeune génération »
Des villages, des villes, des régions toujours plus pauvres. Des populations, surtout dans les grandes villes, toujours en demande de plus de bien-être et de prise en charge de leur maladie face à la montée en puissance des maladies cardiaques, cardiovasculaires, voilà ce qui attend Macky Sall. C’est aussi sous le signe de l’espoir que les Sénégalais l’ont porté, sans triomphe, à la tête du pays en mars 2012. Si le bilan des trois premiers présidents n’est pas aussi reluisant, même s’il est aussi loin d’être mauvais, les Sénégalais ont toujours reproché à Senghor, son manque d’inspiration au niveau des politiques économiques.
A Diouf, ils ont demandé plus de présence et d’activités au moment de l’ajustement structurel. Ce qu’il n’a pas su faire. Mais aussi, l’égalité des chances pour tous. Çà aussi, ce serait pour les prochaines étapes qui ne viendront pas. A Wade, ils ont réclamé plus de transparence dans le choix des hommes et femmes à choisir pour telle ou telle tâche. Mais, ils lui ont reproché surtout son laxisme dans la gestion des deniers de l’Etat et aussi, dans la manière de donner l’argent, au moment où le pays n’en avait pas suffisamment. Il aura néanmoins ouvert de grands chantiers (routes, aéroport, écoles, théâtres, etc.) Mais, que de gâchis sous ses deux mandats. Alors, que dire donc aujourd’hui, de Macky Sall ? Le plus jeune des présidents élus ?
Le peuple n’en fera jamais son héros s’il ne réalise pas ce qu’il a promis. Ambitieux et moins versatile que son prédécesseur, il a été aussi à l’école du maître; ce qui est aussi sa force et le défaut qu’on lui reproche. On le lui rappelle souvent chez ses anciens camarades. Mais, Macky semble n’en avoir cure. Il veut du grand, du gigantesque et du beau, comme ses tours d’immeubles qu’il projette de construire à Dakar. En lançant le Pôle urbain de Diamniadio, il a posé un des piliers du Plan Sénégal émergent (Pse). Le Sénégal aspire à devenir un pays émergent d’ici 2035. La croissance s’est cependant enlisée depuis 2006. Alors que le taux de croissance de la sous-région a été de 6% sur cette période, celui du Sénégal ne s’élève qu’à 3,3%. La croissance du Pib (Produit intérieur brut) en 2013 s’élevait à 3%, notamment en raison de mauvaises performances des secteurs de l’agriculture céréalière et de l’industrie. Les secteurs de services et de la construction demeurent les principaux moteurs de l’économie. Une croissance de 4,5% est anticipée en 2014, grâce à la relance du secteur secondaire et une amélioration du climat des affaires. Cependant, la faiblesse de la pluviométrie pourrait avoir un impact négatif sur cette prévision. Mais loin de là , les régions et leur environnement vivent aujourd’hui une véritable misère, faute d’horizons clairs tracés par le régime.
Focus sur... 2015, le temps de la rupture
Homme des terroirs, le président Macky Sall et ses différents gouvernements ont fait le pari de faire profiter tout le pays de ces taux de croissance qui ne cessent de grimper. Mais, l’homme n’a pas tous les moyens de ces politiques en dépit des millions de dollars promis par les partenaires et les bailleurs. L’autonomie des régions ne sera pas une réalité dans le contexte actuel si les conseils départementaux, les villes et communes ne disposent pas de ressources additionnelles suffisantes susceptibles de leur permettre de faire des investissements de taille.
Encore assujetties au contrôle de l’Etat et faute d’une véritable économie, les villes ne vivent que d’expédients et de petites taxes urbaines ou municipales qui viennent des petits commerces et des boutiquiers de quartiers sur lesquels ne cessent de taper leurs agents accompagnés d’un policier qui joue à l’intimidateur, le pistolet au tour des reins. La décentralisation et son acte III ne survivront pas, non plus, à ces pratiques dignes des Etats totalitaires. Mais le jeune président est un homme intelligent qui veut laisser derrière lui, une belle œuvre quoi qu’il arrive. Et, ses plus grands adversaires ne peuvent pas nier que l’homme veut faire du bien et plus que ses prédécesseurs.
Il n’en a pas pour le moment tous les moyens, mais son pragmatisme et l’actualité de son discours sur les vrais problèmes du pays sont des signes encourageants pour la jeune génération dont il fait partie. En posant un regard lucide sur le pays, Macky Sall se doit, pour réussir l’acte III et les prémisses de l’émergence, d’être au-dessus des intérêts politiciens et des partis, à commencer par l’Alliance pour la République (Apr), le sien.
La République a besoin d’avoir du sens, quand elle va, au-delà des présupposés et de la haine politicienne née des défaites et revers au lendemain d’élections. Macky Sall a, sans doute, commis des erreurs politiques lors des dernières élections avec le débat qu’il y a eu autour de certaines candidatures à Dakar et dans la périphérie, mais surtout pour l’élection assez heurtée de son beau frère, Mansour Faye, à Saint-Louis, contre un candidat de son ancien parti, le Pds.
Mais les véritables limites de cette économie sénégalaise génératrice de croissance sont, sans nul doute, à voir dans certains des indicateurs actuels. En effet, certaines études révèlent que la nature erratique de la croissance économique au Sénégal est davantage expliquée par les limites de son modèle économique que par les difficultés émanant du contexte international.
Des travaux récents ont ainsi prouvé que l’essentiel des sources de fluctuations économiques du Sénégal avait une origine interne (Diop et Fame-2007-). De plus, en raison d’une croissance économique trop axée sur les services, l’économie sénégalaise fabrique depuis plusieurs années, d’une part du déficit courant imputable au fait que les services sont faiblement exportables, et d’autre part de l’inflation importée issue de la combinaison d’une productivité agricole trop molle et d’une forte demande de produits alimentaires. Cette faible productivité, qui entraine une absorption très lente de la main d’œuvre excédentaire dans les zones rurales, génère une hausse des inégalités de revenus et perpétue les déficits publics. L’Etat, en tentant de compenser la hausse des inégalités de revenus, crée un modèle de l’assistanat.
… il devient de plus en plus périlleux de bâtir les fondements de l’Etat-nation
Fort de ses succès découlant du dernier sommet de la Francophonie à Dakar, le président Macky Sall semble désormais tenir le bon gout. Après les changements assez mouvementés d’équipes et de Premier ministre, le voilà qui semble vouloir sortir du côté hard de sa gouvernance politique pour redresser la barre et le cap. Le moment donc d’aborder un volet plus soft dans sa manière de gouverner. 2015, annoncée par tous les experts comme une année de base dans la consolidation des acquis, sera forcément marqué par des annonces, mais surtout par des réalisations.
Les Objectifs du millénaire pour le développement (Omd) en étaient l’enjeu de taille. Les voilà derrière nous, sans qu’ils aient été atteints, pour l’essentiel. Devant l’urgence à tout moment et face à la faiblesse du plateau technique dans les hôpitaux et centres de santé et face aux difficultés de reconstruire les files rompues de l’école sénégalaise, il devient de plus en plus périlleux de bâtir les fondements de l’Etat-nation. L’école en est la base et depuis toujours. Le président Sall, qui a sauvé une année scolaire et universitaire in extremis, n’a pas fini avec ce traquenard des grèves dans le système éducatif. Dans ces territoires régionaux, les pouvoirs cédés par l’Etat aux régions et conseils départementaux, ne fonctionnent pas. Tous les moyens de la négociation et de l’investissement sont encore détenus par l’Etat. En dehors de Dakar et un petit peu Thiès, les régions et villes n’ont pas d’économie propre au Sénégal. Or, en augmentant le nombre de lycées, de collèges et d’universités sans moyens au cœur de villes et des régions sans moyens, sans y adjoindre de véritables leviers économiques, l’on a fait que déplacer les problèmes. Macky Sall dans cette initiative traduite en acte III de la décentralisation a le devoir de corriger ces erreurs par la déconcentration vers d’autres zones d’usines qui n’ont plus rien à faire, et non la désindustrialisation. Pour ramener le pays dans un climat des affaires qui pourrait permettre de relancer l’économie, le tourisme, l’agriculture, l’élevage et les services, il le faut.
Dans l’ombre du Pôle urbain de Diamniadio… La misère triste des villes sénégalaises
Verra-t-on, un jour, une usine digne de ce nom à Linguère, Bakel, Fatick, Sokone ou Sédhiou ? Dans le domaine des infrastructures, les défis sont encore énormes pour toutes les régions. Et, le vide est partout au plan économique. Au mépris de l’aménagement du territoire, le pays ne réalise aucun de ses plans pour les régions. Le pire est dans les termes techniques de la planification urbaine qui n’existe plus depuis la décentralisation entreprise par la loi du 22 mars 1996. En économie du développement, l’industrie, comme les plans de relance de l’agriculture et de tout le secteur primaire, partent toujours, de la création d’un ou de plusieurs pôles. Diamniadio en est un certes, mais trop peu, pour lancer un aménagement de l’espace national plus cohérent. A des dizaines ou des centaines de kilomètres, toutes les villes sénégalaises et leurs satellites, exigent une réorganisation de leur centre. Les vieux quartiers se meurent et les nouveaux ne sont guère mieux lotis. Les populations du monde s’urbanisent de plus en plus, mais le village n’a jamais été aussi présent au cœur de la cité. On modernise en salissant, en dégradant, en «tuant» les espaces de vie et de respiration de la cité.
Dakar n’y échappe pas. Mbour a été longtemps tuée par la ruralisation. Kaolack, Kolda, Sédhiou, Tambacounda, ne sont plus des capitales régionales. Tant la pauvreté y est dominante. Depuis plusieurs décennies, aucun programme de rénovation urbaine n’a été réellement entrepris au Sénégal. Excepté le cas de Dalifort, un quartier pauvre de Dakar. Dans la région de Dakar, Pikine reste une ville pauvre habitée par une population très démunie. La ville, même érigée ainsi, avec plus d’un million d’habitants, n’est qu’une vaste zone de déchirures, symbole depuis toujours, de la fracture sociale à la Sénégalaise. Pris dans le tas de cette misère urbaine, Kaolack se meurt depuis les années 1970, faute d’assainissement et d’un programme de modernisation de son centre et de ses quartiers (Ndangane, Bongré, Cassaville, Kasnack, etc.) Que dire de plus sur les villes oubliées du centre: Louga, Linguère, Mbacké, Bambey et encore ? Symbole d’une cité de l’oubli, Linguère est un cas à part que les grandes écoles d’urbanisme, d’architecture devraient méditer. Dans le Djoloff, au cœur d’une vieille région historique rayée de la carte, cette ville, si on peut lui laisser ce nom, n’a plus d’identité. Les Sénégalais qui n’y sont pas allées, ne savent pas encore qu’il y a quelques années, un train y passait de temps à autre. Qu’il y avait aussi à Linguère un petit aérodrome aujourd’hui impraticable pour le plus petit aéronef.
Bakel, Linguère, Matam, Sédhiou, Kolda : Un seul signe lumineux: les rayons de soleil…
Mbacké, Bambey, Tambacounda, Bakel, Matam, la carte urbaine du Sénégal pourrait se passer de ces villes tellement ce qui en faisait l’armature s’est dégradé. Dans ce terreau du théâtre d’ombre qui étale sa misère quotidienne à des populations sans espoir et où le seul reflet lumineux vient des rayons du soleil, débrouille et résignation sont les maîtres-mots. Mais, combien de maires se sont succédé depuis les débuts de la décentralisation à la tête de ces villes… Ces villages un semblant modernisé ? Sans moyens au cœur de cette jungle urbaine, incompétents et mal préparés pour les autres, les maires sont à la fois coupables et victimes. Certains sacrifiés par l’Etat et le gouvernement. D’autres laissés à eux seuls parce que sans soutien politique…
Au nom de la realpolitik, Touba est devenu le nouveau centre d’intérêt de l’Etat et de ses gouvernements. Mais que se passe-t-il à Touba en dehors du Magal ? Touba est-il plus important que le reste du territoire pour qu’un Magal ou un événement d’envergure nationale puisse pousser les autorités à ériger une autoroute entre la cité religieuse et Thiès ? Toujours d’ailleurs sur un axe ouest-est, donc partant de Dakar, en passant par Thiès pour dériver sur Touba. L’annonce faite par Macky Sall avait de quoi surprendre tant tout cet argent qui va servir à faire cette voie qui devait simplement être agrandie et sécurisé pouvait aider à refaire le centre de toutes ces villes sans relief qui n’ont pas d’avenir depuis les indépendances. Cet argent pourrait aussi aider à relancer l’agriculture, surtout la petite agriculture, et l’élevage dans les petites villes et villages.
Non, une autoroute sur cet axe, ce n’est pas pour le moment une nécessité, car l’économie d’un pays ne se décident pas là où vont les hommes au nom de la religion, mais bien là où se tissent les cordes et les nœuds qui doivent aider cette économie à décoller. Côté industrie, c’est encore plus pauvre. Citons celles qu’on connaît aujourd’hui dans les régions. Kirène et Cimenterie du Sahel. Pas loin de Diamniadio et Dakar, même si on est dans la région de Thiès. Depuis la sortie les années 2000, ces deux industries, l’une dans l’eau minérale, l’autre dans le ciment, ont été les deux seules grandes créations d’usines. Pendant que les Industries chimiques du Sénégal (Ics) se mouraient, il n’y en avait pas d’autres. Téméraire et plein d’audace, Abdoulaye Wade a lancé la plateforme aéroportuaire de Diass au milieu de la décennie 2000-2010, mais il n’a pas pu l’achever.
Trop long pour un mandat qui finissait en février 2012. Mais là , encore, on n’était pas trop loin de Dakar. Et on est toujours dans la même région : Thiès. Jusqu’à présent en dehors de l’aéroport, ce qui manque au Sénégal et à ses régions, ce sont des projets et des infrastructures d’envergure. Un autre grand port, des industries modernes et durables dans l’agroalimentaire, les mines, l’automobile, de vastes zones aménagées pour l’agriculture, l’embouche, etc.
Dans le genre, pour ouvrir ces horizons intéressants et du domaine du possible, Turin et Milan, deux grandes villes du Nord de l’Italie, ont lancé le pari de faire de 2015, l’année de la promotion de leur région (le Piémont et la Lombardie) au nom de l’innovation, de la rénovation. L’une par le billet du sport, l’autre par le billet de l’architecture, l’aménagement du territoire, l’agriculture et les produits d’élevage et de l’alimentation, la technologie, etc. Vous avez bien noté région. Toutes les intelligences ont été ainsi sollicitées pour vendre le concept en Italie et dans cette partie du territoire. Donc, si l’Etat veut donner une autonomie et visibilité à ces zones de développement, il doit les doter de moyens susceptibles de renforcer leur autonomie dans la gestion des fonds et des perspectives. Avec le boom d’activités comme la publicité, les activités commerciales et culturelles, les villes peuvent gagner l’argent et des moyens supplémentaires pour exister. Mais, elles ont intérêt à devenir plus belles et plus attractives.
Le centre de conférence de la Francophonie du Pôle de Diamniadio, sur le tracé de l’autoroute, est une belle œuvre dans un pays qui cherche à montrer la voie aux autres sur le continent. Mais, s’il est suivi par d’autres projets encore plus intelligents parce que plus adaptés aux besoins réels des Sénégalais, il sera le point de départ du nouveau Sénégal qu’attendent, avec beaucoup d’impatience, les Sénégalais.
Sud Quotidien
Comme Senghor avec Mamadou Dia, son ex-allié et ancien président du conseil, il va se montrer comme un revanchard et un véritable opposant qui venait régler ses comptes avec ses adversaires ou ses ennemis d’un moment dans l’histoire du Sénégal. Wade président, c’est comme si tout le Sénégal était devenu sa propre possession comme au temps des royaumes. Il découpe, aménage tout à sa guise, au nez et à la barbe des techniciens qui n’avaient plus rien à dire. Un véritable sabotage de ce qui devait être l’acte II de la décentralisation, c’est bien ce à quoi ressemble ce découpage sans contenu du nouveau territoire national avec trois nouvelles régions à la clé.
Et, la note d’incohérence arrive au moment où on va augmenter des régions dans des territoires sans tenir en compte aucune donnée géographique. Kédougou, Sédhiou, Matam, Kaffrine, de nouvelles régions qui arrivent sans reflet ni avenir. Pour des raisons politiciennes et de méprise, l’ancien président de la République a tracé de lui-même une nouvelle carte des régions à la suite d’un Diouf, son prédécesseur, qui a créé dans la ville, les communes-quartiers dans Dakar et son agglomération. De toutes ses idées, l’annonce de la création d’une nouvelle ville fera sourire les géographes, architectes et urbanistes.
Diouf-Wade, rois de l'improvisation ?
En mélangeant intérêts personnels à ceux de la République, l’Etat et la nation, tous ces présidents ont montré les limites de ce qu’on peut qualifier de démocratie réelle dans les pays pauvres. On taille, biffe, bricole et barre à tout va pour faire ce qu’on peut qualifier de nouvelles lois fourre-tout. Le tout au détriment de l’économie réelle et au seul profit des proches.
Diouf-Wade, rois de l’improvisation? On pourrait le penser, tant leur ego leur permettait de tout faire, de tout tenter, de tout chambouler. Dans le genre, le plus original dans la «bêtise» aura été Wade, n’en déplaise à ses fidèles. Il fut avec son histoire de provincialisation, le grand chef d’orchestre de ce grand sabotage. Il aura beaucoup construit, mais énormément déconstruit en l’espace de 12 ans. Dans des zones sans aucune ressource significative, à quoi cela servirait-il de créer des régions nouvelles. Kaffrine au cœur du bassin arachidier. Sédhiou dans le Pakao, Kédougou dans ce qu’on pourrait qualifier de bush sénégalais. A quelles ressources ces économies essentiellement rurales peuvent-elles devoir leur émergence?
Sans doute, l’or pour la dernière nommée. Mais quel Kédovien a vu passer, un jour, une pépite ? Sédhiou, ancienne capitale de la Casamance peut-elle se faire sans le pays peul et Kolda qui a été au centre d’une région sans reflet pendant 15 ans. Les signes ne trompent pas ici, vous êtes dans le terreau de la pauvreté extrême. Selon les secteurs économiques, l’emploi présente des disparités géographiques et de genre. Dans les zones rurales, les femmes sont principalement engagées dans l’agriculture, l’élevage et la pêche. Elles effectuent, souvent avec des moyens rudimentaires, près de 82,6% des tâches contre 79,4% pour les hommes.
Les signes de ce tâtonnement sont aussi à noter que c’est en pleine politique de régionalisation que disparaissent tous les usines de la zone du domaine industriel de Kaolack. Parlez d’industrie et d’économie nationale, sans savoir qu’elle se construit toujours des zones rurales vers les villes, est une grave erreur. L’acte I de la décentralisation ne fut ainsi qu’un simple mot savant d’une administration qui n’avait encore connu qu’une courte histoire dans son élaboration. Trop tôt, trop forcée, la régionalisation n’aura pas entrainé une esquisse de bien être pour les populations. Elle n’aura fait que poser les bases d’un futur échec que le président Wade, dans sa manie à tout savoir et faire, n’aura fait que mieux déchiqueter en augmentant, sans aucune étude, le nombre de régions.
Absurde décision quand on connait la situation que vivent de petites communes comme Sédhiou, Kédougou, Kolda, Matam, Bakel. Aujourd’hui dans le contexte économique et morose que connaît le Sénégal qui n’est ni bon ni trop mauvais, la priorité est de reconstruire, de rééquiper les villes de l’intérieur, avant de les repeupler. Même Kaolack, la ville des années 1960, la plus importante du Sénégal, est rentrée dans le rang. Le port est à l’abandon depuis plus trente ans; le petit aéroport n’est guère mieux loti.
Macky, Acte III : Le côté hard et soft de la gouvernance « Jeune génération »
Des villages, des villes, des régions toujours plus pauvres. Des populations, surtout dans les grandes villes, toujours en demande de plus de bien-être et de prise en charge de leur maladie face à la montée en puissance des maladies cardiaques, cardiovasculaires, voilà ce qui attend Macky Sall. C’est aussi sous le signe de l’espoir que les Sénégalais l’ont porté, sans triomphe, à la tête du pays en mars 2012. Si le bilan des trois premiers présidents n’est pas aussi reluisant, même s’il est aussi loin d’être mauvais, les Sénégalais ont toujours reproché à Senghor, son manque d’inspiration au niveau des politiques économiques.
A Diouf, ils ont demandé plus de présence et d’activités au moment de l’ajustement structurel. Ce qu’il n’a pas su faire. Mais aussi, l’égalité des chances pour tous. Çà aussi, ce serait pour les prochaines étapes qui ne viendront pas. A Wade, ils ont réclamé plus de transparence dans le choix des hommes et femmes à choisir pour telle ou telle tâche. Mais, ils lui ont reproché surtout son laxisme dans la gestion des deniers de l’Etat et aussi, dans la manière de donner l’argent, au moment où le pays n’en avait pas suffisamment. Il aura néanmoins ouvert de grands chantiers (routes, aéroport, écoles, théâtres, etc.) Mais, que de gâchis sous ses deux mandats. Alors, que dire donc aujourd’hui, de Macky Sall ? Le plus jeune des présidents élus ?
Le peuple n’en fera jamais son héros s’il ne réalise pas ce qu’il a promis. Ambitieux et moins versatile que son prédécesseur, il a été aussi à l’école du maître; ce qui est aussi sa force et le défaut qu’on lui reproche. On le lui rappelle souvent chez ses anciens camarades. Mais, Macky semble n’en avoir cure. Il veut du grand, du gigantesque et du beau, comme ses tours d’immeubles qu’il projette de construire à Dakar. En lançant le Pôle urbain de Diamniadio, il a posé un des piliers du Plan Sénégal émergent (Pse). Le Sénégal aspire à devenir un pays émergent d’ici 2035. La croissance s’est cependant enlisée depuis 2006. Alors que le taux de croissance de la sous-région a été de 6% sur cette période, celui du Sénégal ne s’élève qu’à 3,3%. La croissance du Pib (Produit intérieur brut) en 2013 s’élevait à 3%, notamment en raison de mauvaises performances des secteurs de l’agriculture céréalière et de l’industrie. Les secteurs de services et de la construction demeurent les principaux moteurs de l’économie. Une croissance de 4,5% est anticipée en 2014, grâce à la relance du secteur secondaire et une amélioration du climat des affaires. Cependant, la faiblesse de la pluviométrie pourrait avoir un impact négatif sur cette prévision. Mais loin de là , les régions et leur environnement vivent aujourd’hui une véritable misère, faute d’horizons clairs tracés par le régime.
Focus sur... 2015, le temps de la rupture
Homme des terroirs, le président Macky Sall et ses différents gouvernements ont fait le pari de faire profiter tout le pays de ces taux de croissance qui ne cessent de grimper. Mais, l’homme n’a pas tous les moyens de ces politiques en dépit des millions de dollars promis par les partenaires et les bailleurs. L’autonomie des régions ne sera pas une réalité dans le contexte actuel si les conseils départementaux, les villes et communes ne disposent pas de ressources additionnelles suffisantes susceptibles de leur permettre de faire des investissements de taille.
Encore assujetties au contrôle de l’Etat et faute d’une véritable économie, les villes ne vivent que d’expédients et de petites taxes urbaines ou municipales qui viennent des petits commerces et des boutiquiers de quartiers sur lesquels ne cessent de taper leurs agents accompagnés d’un policier qui joue à l’intimidateur, le pistolet au tour des reins. La décentralisation et son acte III ne survivront pas, non plus, à ces pratiques dignes des Etats totalitaires. Mais le jeune président est un homme intelligent qui veut laisser derrière lui, une belle œuvre quoi qu’il arrive. Et, ses plus grands adversaires ne peuvent pas nier que l’homme veut faire du bien et plus que ses prédécesseurs.
Il n’en a pas pour le moment tous les moyens, mais son pragmatisme et l’actualité de son discours sur les vrais problèmes du pays sont des signes encourageants pour la jeune génération dont il fait partie. En posant un regard lucide sur le pays, Macky Sall se doit, pour réussir l’acte III et les prémisses de l’émergence, d’être au-dessus des intérêts politiciens et des partis, à commencer par l’Alliance pour la République (Apr), le sien.
La République a besoin d’avoir du sens, quand elle va, au-delà des présupposés et de la haine politicienne née des défaites et revers au lendemain d’élections. Macky Sall a, sans doute, commis des erreurs politiques lors des dernières élections avec le débat qu’il y a eu autour de certaines candidatures à Dakar et dans la périphérie, mais surtout pour l’élection assez heurtée de son beau frère, Mansour Faye, à Saint-Louis, contre un candidat de son ancien parti, le Pds.
Mais les véritables limites de cette économie sénégalaise génératrice de croissance sont, sans nul doute, à voir dans certains des indicateurs actuels. En effet, certaines études révèlent que la nature erratique de la croissance économique au Sénégal est davantage expliquée par les limites de son modèle économique que par les difficultés émanant du contexte international.
Des travaux récents ont ainsi prouvé que l’essentiel des sources de fluctuations économiques du Sénégal avait une origine interne (Diop et Fame-2007-). De plus, en raison d’une croissance économique trop axée sur les services, l’économie sénégalaise fabrique depuis plusieurs années, d’une part du déficit courant imputable au fait que les services sont faiblement exportables, et d’autre part de l’inflation importée issue de la combinaison d’une productivité agricole trop molle et d’une forte demande de produits alimentaires. Cette faible productivité, qui entraine une absorption très lente de la main d’œuvre excédentaire dans les zones rurales, génère une hausse des inégalités de revenus et perpétue les déficits publics. L’Etat, en tentant de compenser la hausse des inégalités de revenus, crée un modèle de l’assistanat.
… il devient de plus en plus périlleux de bâtir les fondements de l’Etat-nation
Fort de ses succès découlant du dernier sommet de la Francophonie à Dakar, le président Macky Sall semble désormais tenir le bon gout. Après les changements assez mouvementés d’équipes et de Premier ministre, le voilà qui semble vouloir sortir du côté hard de sa gouvernance politique pour redresser la barre et le cap. Le moment donc d’aborder un volet plus soft dans sa manière de gouverner. 2015, annoncée par tous les experts comme une année de base dans la consolidation des acquis, sera forcément marqué par des annonces, mais surtout par des réalisations.
Les Objectifs du millénaire pour le développement (Omd) en étaient l’enjeu de taille. Les voilà derrière nous, sans qu’ils aient été atteints, pour l’essentiel. Devant l’urgence à tout moment et face à la faiblesse du plateau technique dans les hôpitaux et centres de santé et face aux difficultés de reconstruire les files rompues de l’école sénégalaise, il devient de plus en plus périlleux de bâtir les fondements de l’Etat-nation. L’école en est la base et depuis toujours. Le président Sall, qui a sauvé une année scolaire et universitaire in extremis, n’a pas fini avec ce traquenard des grèves dans le système éducatif. Dans ces territoires régionaux, les pouvoirs cédés par l’Etat aux régions et conseils départementaux, ne fonctionnent pas. Tous les moyens de la négociation et de l’investissement sont encore détenus par l’Etat. En dehors de Dakar et un petit peu Thiès, les régions et villes n’ont pas d’économie propre au Sénégal. Or, en augmentant le nombre de lycées, de collèges et d’universités sans moyens au cœur de villes et des régions sans moyens, sans y adjoindre de véritables leviers économiques, l’on a fait que déplacer les problèmes. Macky Sall dans cette initiative traduite en acte III de la décentralisation a le devoir de corriger ces erreurs par la déconcentration vers d’autres zones d’usines qui n’ont plus rien à faire, et non la désindustrialisation. Pour ramener le pays dans un climat des affaires qui pourrait permettre de relancer l’économie, le tourisme, l’agriculture, l’élevage et les services, il le faut.
Dans l’ombre du Pôle urbain de Diamniadio… La misère triste des villes sénégalaises
Verra-t-on, un jour, une usine digne de ce nom à Linguère, Bakel, Fatick, Sokone ou Sédhiou ? Dans le domaine des infrastructures, les défis sont encore énormes pour toutes les régions. Et, le vide est partout au plan économique. Au mépris de l’aménagement du territoire, le pays ne réalise aucun de ses plans pour les régions. Le pire est dans les termes techniques de la planification urbaine qui n’existe plus depuis la décentralisation entreprise par la loi du 22 mars 1996. En économie du développement, l’industrie, comme les plans de relance de l’agriculture et de tout le secteur primaire, partent toujours, de la création d’un ou de plusieurs pôles. Diamniadio en est un certes, mais trop peu, pour lancer un aménagement de l’espace national plus cohérent. A des dizaines ou des centaines de kilomètres, toutes les villes sénégalaises et leurs satellites, exigent une réorganisation de leur centre. Les vieux quartiers se meurent et les nouveaux ne sont guère mieux lotis. Les populations du monde s’urbanisent de plus en plus, mais le village n’a jamais été aussi présent au cœur de la cité. On modernise en salissant, en dégradant, en «tuant» les espaces de vie et de respiration de la cité.
Dakar n’y échappe pas. Mbour a été longtemps tuée par la ruralisation. Kaolack, Kolda, Sédhiou, Tambacounda, ne sont plus des capitales régionales. Tant la pauvreté y est dominante. Depuis plusieurs décennies, aucun programme de rénovation urbaine n’a été réellement entrepris au Sénégal. Excepté le cas de Dalifort, un quartier pauvre de Dakar. Dans la région de Dakar, Pikine reste une ville pauvre habitée par une population très démunie. La ville, même érigée ainsi, avec plus d’un million d’habitants, n’est qu’une vaste zone de déchirures, symbole depuis toujours, de la fracture sociale à la Sénégalaise. Pris dans le tas de cette misère urbaine, Kaolack se meurt depuis les années 1970, faute d’assainissement et d’un programme de modernisation de son centre et de ses quartiers (Ndangane, Bongré, Cassaville, Kasnack, etc.) Que dire de plus sur les villes oubliées du centre: Louga, Linguère, Mbacké, Bambey et encore ? Symbole d’une cité de l’oubli, Linguère est un cas à part que les grandes écoles d’urbanisme, d’architecture devraient méditer. Dans le Djoloff, au cœur d’une vieille région historique rayée de la carte, cette ville, si on peut lui laisser ce nom, n’a plus d’identité. Les Sénégalais qui n’y sont pas allées, ne savent pas encore qu’il y a quelques années, un train y passait de temps à autre. Qu’il y avait aussi à Linguère un petit aérodrome aujourd’hui impraticable pour le plus petit aéronef.
Bakel, Linguère, Matam, Sédhiou, Kolda : Un seul signe lumineux: les rayons de soleil…
Mbacké, Bambey, Tambacounda, Bakel, Matam, la carte urbaine du Sénégal pourrait se passer de ces villes tellement ce qui en faisait l’armature s’est dégradé. Dans ce terreau du théâtre d’ombre qui étale sa misère quotidienne à des populations sans espoir et où le seul reflet lumineux vient des rayons du soleil, débrouille et résignation sont les maîtres-mots. Mais, combien de maires se sont succédé depuis les débuts de la décentralisation à la tête de ces villes… Ces villages un semblant modernisé ? Sans moyens au cœur de cette jungle urbaine, incompétents et mal préparés pour les autres, les maires sont à la fois coupables et victimes. Certains sacrifiés par l’Etat et le gouvernement. D’autres laissés à eux seuls parce que sans soutien politique…
Au nom de la realpolitik, Touba est devenu le nouveau centre d’intérêt de l’Etat et de ses gouvernements. Mais que se passe-t-il à Touba en dehors du Magal ? Touba est-il plus important que le reste du territoire pour qu’un Magal ou un événement d’envergure nationale puisse pousser les autorités à ériger une autoroute entre la cité religieuse et Thiès ? Toujours d’ailleurs sur un axe ouest-est, donc partant de Dakar, en passant par Thiès pour dériver sur Touba. L’annonce faite par Macky Sall avait de quoi surprendre tant tout cet argent qui va servir à faire cette voie qui devait simplement être agrandie et sécurisé pouvait aider à refaire le centre de toutes ces villes sans relief qui n’ont pas d’avenir depuis les indépendances. Cet argent pourrait aussi aider à relancer l’agriculture, surtout la petite agriculture, et l’élevage dans les petites villes et villages.
Non, une autoroute sur cet axe, ce n’est pas pour le moment une nécessité, car l’économie d’un pays ne se décident pas là où vont les hommes au nom de la religion, mais bien là où se tissent les cordes et les nœuds qui doivent aider cette économie à décoller. Côté industrie, c’est encore plus pauvre. Citons celles qu’on connaît aujourd’hui dans les régions. Kirène et Cimenterie du Sahel. Pas loin de Diamniadio et Dakar, même si on est dans la région de Thiès. Depuis la sortie les années 2000, ces deux industries, l’une dans l’eau minérale, l’autre dans le ciment, ont été les deux seules grandes créations d’usines. Pendant que les Industries chimiques du Sénégal (Ics) se mouraient, il n’y en avait pas d’autres. Téméraire et plein d’audace, Abdoulaye Wade a lancé la plateforme aéroportuaire de Diass au milieu de la décennie 2000-2010, mais il n’a pas pu l’achever.
Trop long pour un mandat qui finissait en février 2012. Mais là , encore, on n’était pas trop loin de Dakar. Et on est toujours dans la même région : Thiès. Jusqu’à présent en dehors de l’aéroport, ce qui manque au Sénégal et à ses régions, ce sont des projets et des infrastructures d’envergure. Un autre grand port, des industries modernes et durables dans l’agroalimentaire, les mines, l’automobile, de vastes zones aménagées pour l’agriculture, l’embouche, etc.
Dans le genre, pour ouvrir ces horizons intéressants et du domaine du possible, Turin et Milan, deux grandes villes du Nord de l’Italie, ont lancé le pari de faire de 2015, l’année de la promotion de leur région (le Piémont et la Lombardie) au nom de l’innovation, de la rénovation. L’une par le billet du sport, l’autre par le billet de l’architecture, l’aménagement du territoire, l’agriculture et les produits d’élevage et de l’alimentation, la technologie, etc. Vous avez bien noté région. Toutes les intelligences ont été ainsi sollicitées pour vendre le concept en Italie et dans cette partie du territoire. Donc, si l’Etat veut donner une autonomie et visibilité à ces zones de développement, il doit les doter de moyens susceptibles de renforcer leur autonomie dans la gestion des fonds et des perspectives. Avec le boom d’activités comme la publicité, les activités commerciales et culturelles, les villes peuvent gagner l’argent et des moyens supplémentaires pour exister. Mais, elles ont intérêt à devenir plus belles et plus attractives.
Le centre de conférence de la Francophonie du Pôle de Diamniadio, sur le tracé de l’autoroute, est une belle œuvre dans un pays qui cherche à montrer la voie aux autres sur le continent. Mais, s’il est suivi par d’autres projets encore plus intelligents parce que plus adaptés aux besoins réels des Sénégalais, il sera le point de départ du nouveau Sénégal qu’attendent, avec beaucoup d’impatience, les Sénégalais.
Sud Quotidien