«Des islamistes de Boko Haram ont attaqué cette nuit un camp (de travailleurs du secteur routier) (...) Dix Chinois sont introuvables depuis cette attaque. Nous pensons qu’ils ont probablement été kidnappés», a affirmé à l’AFP, sous couvert d’anonymat, un commissaire de police de la région.
Cette source, qui avait dans un premier temps annoncé la mort d’un travailleur chinois, est revenue sur ses propos, précisant qu’il s’agissait en fait d’un militaire, tué lors d’une riposte de l’armée camerounaise.
«Les combats (entre l’armée et les islamistes présumés) ont duré jusqu’à 3 heures du matin», a précisé le commissaire.
Cette nouvelle attaque est intervenue juste avant un mini-sommet africain à Paris samedi, qui visait à établir une stratégie régionale contre Boko Haram, en présence notamment des présidents nigérian Goodluck Jonathan et camerounais Paul Biya.
Une source proche de l’ambassade de Chine à Yaoundé a fait état de «10 Chinois portés disparus» et d'«un blessé».
Selon l’agence Chine nouvelle (Xinhua), le blessé est un ressortissant chinois employé par l’entreprise de construction Sinohydro, qui a été évacué dans un hôpital de N’Djamena (Tchad).
«Le jeune homme a été atteint par deux balles, l’une dans l’épaule et l’autre dans l’abdomen», a déclaré le directeur général adjoint de Sinohydro, Lan Ronghe, cité par Chine Nouvelle, ajoutant qu’il avait «repris conscience» et serait bientôt «hors de danger».
«Les islamistes ont emporté, entre autres, des explosifs» que les travailleurs chinois devaient utiliser dans une carrière, et circulaient «à bord de véhicules blindés», selon la source proche de l’ambassade.
«Les Boko Haram étaient lourdement armés. Ils sont venus avec cinq véhicules», a affirmé un responsable administratif de Waza, localité proche du site de travailleurs chionois.
«Le camp attaqué est gardé par des BIR (soldats du Bataillon d’intervention rapide, unité d’élite de l’armée camerounaise). Leur nombre a diminué ces jours-ci parce que beaucoup sont allés à Yaoundé» pour la parade militaire du 20 mai, jour de la fête nationale du Cameroun», a-t-il expliqué.
Selon le commissaire de police, les assaillants ont attaqué la même nuit le commissariat de Waza, emportant des armes.
La région du Nord camerounais, frontalière avec le Nigeria, est désormais la cible d’exactions de la part de membres de Boko Haram.
Début avril, deux prêtres italiens et une religieuse canadienne très âgée ont été enlevés dans cette région, où un prêtre français et une famille française avaient été kidnappés en 2013 par le même groupe.
Boko Haram, classé organisation terroriste par les Etats-Unis, mène des attaques sanglantes contre les forces de sécurité et les civils depuis 2009 dans le nord du Nigeria. Le groupe islamiste armé a revendiqué l’enlèvement de plus de 200 lycéennes au Nigeria il y a un mois.
L’armée nigériane, qui a lancé en mai 2013 une vaste offensive, toujours en cours, ne parvient pas à endiguer l’insurrection qui mine le pays, premier producteur de pétrole en Afrique.